Challenger Sails Aero+ 2015 test (français)

Date 19/01/2015 09:20:00 | Sujet : Test

Test des voiles Challenger Sails AERO+ 7.8 et 8.6 2015 (Handcrafted)


 

 

14 décembre, Ile Grande (Bretagne, France): premiers bords avec l’Aero+ 2015

Lien vers la photo HD : https://media.joomeo.com/large/54bbdbd0be76a.jpg

Intro

J’ai reçu mes Aero 2015 en modèles Handcrafted mi décembre en deux tailles : 7,8 et 8,6 m2. Les handcrafted sont strictement similaires aux modèles de série (matériaux, coupes…), simplement elles sont assemblées par Claudio Badiali avec le plus grand soin, plutôt que d’être issues de la série (avec les risques de pinces plus ou moins bien positionnées par exemple).

Au cours des deux semaines qui ont suivi, j’ai pu tester les voiles sur mes spots à domicile, à plusieurs reprises.

Depuis 2013, l’Aero+ a évolué, et le millésime 2015 apporte pas mal de vraies améliorations. 

Dans cet article, je partage mes ressentis et les différences entre les modèles 2013 et les 2015.

 

 

Premier test de l’Aero+

Dimanche 14 décembre, 14H00, je suis sur la pelouse proche du port de Saint Sauveur (Ile Grande, Côtes d’Armor en Bretagne), à regarder cette voile déroulée, sans commencer à gréer, juste pour le plaisir. Au bas de la voile, Claudio Baldiani a écrit au marqueur « First CS Aero+ 2015 in France, for Laurent ». Sympa, non ?

 

 Le vent est à 15 noeuds, et annoncé forcissant à 25 noeuds. Il est temps de gréer et de partir sur l’eau !

Lien vers la photo HD : https://media.joomeo.com/large/54bbdc2b201ee.jpg

Les conditions du test

Il s’avère que le vent prendra assez vite des tours après 30 minutes de navigation en plage basse, comme le montre le relevé de l’anémo de Goas Treiz de l’après midi avec en rouge la moyenne et en bleu les maxis (sortie de 14H40 à 16H30 sur l’eau).

  

Au bout de 30 minutes de navigations à environ 12 nœuds moyen, le vent forcit à 20 nœuds moyens. Avec mon pote Jean Luc (en Falcon 100 et Point-7 6,3m2), on décide de sortir au large en quelques bords de remontée au près & virements de bords, pour aller vers l’ile de Molène. En tout une navigation d’environ 30 km dans la baie du port et en mer plus ouverte.

 

14th décembre – Trace de ma 1ere session de test (30 km) – Ile Grande, Bretagne, France

 Lien vers la photo HD : https://media.joomeo.com/large/54bbdcb72fef3.jpg

Gréage

Je grée les deux surfaces (7.8 et 8.6) sur le même mat Challenger Sails RSS490 de 2015 (100% carbone).

A noter que la courbe du mat a changé en 2014, avec une nouvelle construction très fiable au passage. Par conséquent, dans l’idéal il est recommendé de prendre les mats 2015, même si les mats 2013 ou antécédents passent, car les voiles sont tolérantes en mat.

Les mats 2014 et 2015 sont en fait un peu plus flex top que les 2012/2013, et le corps du mat est globalement moins flexible. Les mats North devraient pouvoir passer. Les mats Neil Pryde passent nickel sur les Challenger Sails (testé par un brestois de très bon niveau et exigeant).

La tension recommandée sur la  7,8 est 502. Avec une extension réglée sur +14cm sur le mat 490, c’est parfait (il reste de la marge).

Sur la 8,6, la tension recommandée est 525 cm. Pour cette voile, je règle mon extension North à +34cm, ce qui est étonnament suffisant (selon les recommendations, le réglage devrait plutot être à +36cm de rallonge).

Les étapes pour gréer sont les suivantes :

  • 1 - Appliquer une tension au pied de mat jusqu’à ce que le mat courbé se présente dans la fenêtre de wish et affleure le début des camber côté lattes. Cela correspond à une tension de 6 à 8 cm de moins que la tension finale recommandée.
  • 2 - Placer le wish et appliquer un peu de tension au wish. A noter que la Handcrafted ne dispose pas de repères de hauteur de wish : je les ferai au typex plus tard.
  • 3 - Placer les cambers sur le mat. La figure suivante indique l’ordre de passage des cambers (2314 avec une numérotation de haut en bas = d’abord les deux cambers de part et d’autre du wish, puis les cambers du haut et du bas). Pour passer un camber, mettre la pression avec une main du dessus pour l’éloigner du mat, puis pousser par dessous de l’exterieur avec l’autre main pour placer le camber. Si le camber est trop dur à pousser, c’est qu’il faut relacher un peu de tension au pied de mat. Si le camber ne tient pas en place et se déclipse, remettre un peu de tension au pied de mat.

  • 4 - Finaliser la tension au pied de mat, comme indiqué sur les shémas plus bas pour la 7.8 et la 8.6.
  •  - Sur la 7.8, je suis à 501cm de tension (reco : 502)

Sur la 8.6 je suis à 520 de tension (reco : 525)

  

Les cambers sont plus grands que les 2013, assez impressionnants. Ils sont blancs, et nettement plus grands que les 2013. L’exception est le camber du bas, qui est plus petit et noir, assez proche des cambers 2013.

 

Nouveau camber 2015

Pour les lattes, je ne mets pas trop de tension, juste le nécessaire pour éliminer les plis sur la voile et dans le foureau.

Photo de la 7.8 grée :

Lien vers la photo HD : https://media.joomeo.com/large/54bbdd970d689.jpg

 

Photos de la 8.6 grée :

20 décembre - 8.6 grée pour son premier test

Lien vers la photo HD : https://media.joomeo.com/large/54bbdde1cebf5.jpg

 

20 décembre avec Freddy – La 8.6 de profil, on voit bien le travail d’hélice de la chutte dans le vent

Lien vers la photo HD : https://media.joomeo.com/large/54bbde2765a4d.jpg

 

 

20 décembre : 8.6 + AHD SL2 132L après le 1er test de la 8.6

Lien vers la photo HD : https://media.joomeo.com/large/54bbde5bc9d67.jpg

 

Comme toujours avec les Aero+, la voile est visuellement assez impressionante, avec son fourreau très large, et un profil profond pour dégager de la puissance.

Le fourreau de mat est un peu plus large que sur la 2013 au niveau des lattes 6 et 7 (en partant du haut), avec 5 cm de plus mesurés sur la ligne des lattes. La profondeur du profile n’a pas bougée, simplement le creux est plus central.

Sur la pelouse, je tente un premier passage de camber à terre, en claquant la voile : ca passe d’un bloc. Ca reste viril mais ca passe plus facilement que sur le millésime 2013 et pourtant la voile est neuve et elle ira en s’assouplissant. C’est à noter, car sur les millésimes précédents, les voiles nécessitaient un rodage avant d’offrir une rotation de camber acceptable.

 

 

Une nouveauté : le LTA (Leesh Tension Ajuster)

La voile dispose d’une sangle permettant d’ajuster la tension de la chute.

 

Claudio m’a expliqué que ce dispositif permettait de donner de la tension à la chute en plage basse ou pour le cap. Ca doit avoir un effet similaire à la sangle de pied de mat, qui permet d’avoir plus de tension sur la bordure et qui joue un peu sur la chute indirectement. Je l’ajuste avec une tension très modérée, quasi neutre.

On verra une autre fois dans une autre navigation quel effet a cette sangle, en particulier sur la remontée au près (j’imagine) ou autre.

 

 

En navigation

Les premiers bords se font dans la baie formée par le port, pendant 30 minutes dans un vent de 12 à 15 nœuds, par risées, avec un planning par intermittences seulement. Avec Jean Luc (qui est en 6.3 et 100L), on reste dans le port en espérant que le vent monte pour sortir un peu en mer. 

Le premier ressenti, c’est que la voile est plus légère dans les mains que le modèle de série 2013 : est ce l’effet l'équilibre en dynamique ou le poids ? Je penche pour l'équilibre en dynamique.

Je positionne les bouts au même endroit que sur la 2013 de même surface, et ca colle.

Dès le premier planning, je ne retrouve plus la traction sur la main avant qui existait sur la 2013. Et ca me plait, car les Aero+ sont physiques en bonne partie parce qu’elles fatiguent pas mal le bras avant. Tout se passe comme si l’équilibre de la voile s’était resserré et recentré 2 à 3 cm vers l’arrière : moins de traction sur le bras avant, mais pas plus de traction non plus sur le bras arrière. Un équilibre parfait dans l’axe des bouts de harnais... 

La plage basse remarquable des Challenger Sails est toujours présente, pas de doute, je plane dès que le vent passe les 14 nœuds environ et je maintiens aisément ce planning. Pas mal pour mon gabarit en 7,8 (1,88m et 81 kg). Jusqu’en 2014, on pouvait qualifier les Challenger Sails Aero+ de « tracteurs » en terme de puissance et de feeling (l'accelération permanente) ; en 2015, la voile ne dégage plus ce feeling et me semble plus adapté à des gabarits moyens (75 – 85 kg), en tous cas nettement moins physique.

Au premier jibe, le passage des cambers constaté à terre se confirme : ca tourne nickel en un claquement sec. Contrairement au millésime 2013 dont les cambers ne passent pas toujours d’un bloc, tous les cambers tournent ensemble, et la voile ne nécessite pas de tirer fort en sortie de jibe, même si ca reste plus physique qu’une North RAM, RRD Firewing ou Ka Sails Race pour parler de modèles de voile plus fines que j’ai eu l’occasion de tester. C’est normal : on ne peut pas avoir autant de creux au niveau du mast panel et des cambers qui passent sans qu’on s’en aperçoive. Mais c’est vraiment mieux que sur la 2013, et ca me convient parfaitement = encore de l’économie d’énergie.

Jibe après jibe, j’apprécie le travail du designer sur ce millésime : la voile ne tire plus sur l’avant en sortie de jibe comme sur la 2013, et j’ai moins besoin de plier les genoux et de me préparer en sortie de jibe pour compenser la relance de la voile et compenser l’entrainement vers l’avant. 

Vers 15H00 passé, le vent prend des tours : on décide de sortir en mer avec Jean Luc, et j’enchaine les virements de bord pour remonter au vent. Je suis bien incapable de dire si la voile 2015 permet un meilleur cap que le millésime 2013, mais la remontée est nickel et les virements de bords facilités par le passage de camber efficace.

Au fil de la remontée vers l’Ile Molène, le plan d’eau devient plus compliqué et le vent se renforce progressivement. La voile encaisse parfaitement les claques à 22 nœuds, et  les accélérations on/off par couloirs en fonction des reliefs.

La voile a nettement gagné en souplesse : la voile respire et s’autorégule comme le millésime 2013, mais en bonus ca dégage de la progressivité, du moelleux. On retrouve les boosts et les accélérations des Aero+, mais les à coups ont disparu, elle est moins « brute de fonderie », la voile a vraiment gagné en progressivité. Du coup, le passage dans le clapot est amélioré, on retrouve moins de petits déséquilibres dans la mer formée.

L’impression de glisse est là, avec une voile qui travaille sans forcer le rider à adapter la position de la voile dans l’air.

Après une trentaine de kilomètres, retour grand largue ("full downwind") : excellent, le creux reculé facilite nettement ces allures, encore un plus par rapport aux 2013.

Jean Luc prolonge de 30 minutes, il est parfaitement toilé en 100L + 6.3 pour ses 65 kg.

En fin de session, je ne me sens pas fatigué (bon, 30km c’est pas non plus énorme), mais il est clair que la 2015 permet une réelle économie d’énergie par rapport au millésime 2015, dans les bords et les manœuvres !

Conclusion

Entre le premier test et ce papier, j’ai pu tester la 7.8 sur d’autres navigations, et également la 8.6. Les premiers feelings sont confirmés.

J’ai pu tester la 7.8 dans sa plage haute : l’équilibre et la glisse de la toile son étonnants.

J’ai pu également réaliser des mesures au GPS et comparer à mes statistiques précedentes sur les millésimes 2013. Sur chaque session, je mesure les vitesses suivantes : Vmax 1sec, Vmax 10sec, et vitesse moyenne au dessus de 12 nœuds. Les top speeds ne disent pas trop sur les voiles, elles dépendent plutot des conditions du jour. En revanche, j’aime bien surveiller la vitesse moyenne au dessus de 12 nœuds, et j’ai constaté un progrès de plus de 1 nœud sur ces premières moyennes, ce qui fait une différence considérable. Les 6,2 et 7,0 sont en commande, en modèles de séries !

 

Voici en conclusion les 6 principales évolutions que j’ai pu noter :

  1. La voile est nettement moins physique. Bien plus douce que le millésime 2013, plus progressive. Elle conserve sa puissance mais elle la délivre en ménageant le rider : c’est nettement moins physique qu’en 2013 où la voile pouvait parfois être violente dans les claques ou déséquilibrer dans le clapot. On s’économise sur les bords et au jibe, et on a moins de déséquilibres en mer formée.
  2. L’équilibre main avant/arrière de la voile a évolué : le creux a légèrement reculé Surtout, on ne retrouve plus la pression et potentiellement la fatigue sur la main avant comme sur les 2013, la puissance est plus recentrée entre les deux mains.
  3. Le passage des cambers est nettement amélioré. Il reste sec, mais s’effectue d'un bloc pour tous les cambers. La rotation vient naturellement en sortie de jibe, pas besoin de tirer trop fort. C’est remarquable pour une les premières sorties avec une voile non rodée !
  4. Au jibe, la voile est plus facile et moins physique de part l’évolution de son équilibre main avant/main arrière : on a moins besoin se préparer en sortie à absorber la reprise et de chercher un appui sur le pied avant, car on est moins entrainé vers l’avant après la rotation.
  5. La voile a gagné en progressivité : La voile absorbe les risées sans modifier son équilibre, et avec beaucoup de douceur.
  6. La vitesse moyenne au dessus de 12 nœuds : a progressé de plus de 1 nœud sur les quelques sessions de tests (à consolider avec un nombre de sessions plus important).

 

 

 

 





Cet article provient de WINDSURFBREIZH22
http://www.windsurfbreizh22.com

L'adresse de cet article est :
http://www.windsurfbreizh22.com/modules/news/article.php?storyid=41